Place St-Maur, le Chapiteau en Presse
Réviser ses classiques sous chapiteau
Isabelle Bonillo nous invite à redécouvrir Renard, Tchekhov et Ionesco sous son camion-chapiteau, dès vendredi au pied de la cathédrale.
Natacha Rossel
Publié: 12.05.2021, 14h06
Marco Calamandrei, Isabelle Bonillo, Michel Demierre et Véronique Montel dans « La cantatrice chauve » d’Ionesco.©Philippe Pache
Au pied de la cathédrale de Lausanne, la coquette place Saint-Maur offre un cadre propice à la rêverie, parfait pour déployer des fables. Dès vendredi 14 mai, la Cie T-âtre nous invite à réviser nos classiques sous son camion-chapiteau – une véritable petite fabrique de théâtre itinérant qui vagabonde depuis quinze ans. Emmenés par Isabelle Bonillo, quatre comédiens (Marco Calamandrei, Michel Demierre, Véronique Montel et Anne-Frédérique Rochat) revisitent tour à tour «Poil de Carotte» de Jules Renard, «Oncle Vania» d’Anton Tchekhov et «La cantatrice chauve» d’Eugène Ionesco. À chaque soir son œuvre, en alternance.
«Poil de Carotte» de Jules Renard (Marco Calamandrei, Anne-Frédérique Rochat, Michel Demierre et Véronique Montel).©Philippe Pache
« Monter un texte du répertoire demande beaucoup de temps, et cela devient de plus en plus difficile, avec les moyens de production qui diminuent, observe Isabelle Bonillo, metteuse en scène et comédienne. Nous avons donc cherché à élaborer une méthode de travail pour créer des pièces en gardant le texte à la main ».
Le livre devient alors accessoire, appui de jeu. Les acteurs s’amusent avec le texte, les trous de mémoire et le sacro-saint apprentissage par cœur. « C’est aussi un clin d’œil au contexte que l’on vit actuellement, souligne Isabelle Bonillo. On joue à sauver ces textes pour que la culture ne passe pas à l’as, un peu comme dans « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury ».
Naviguer d’un style à l’autre
«Les petits classiques» se veulent une ode au théâtre sous ses formes plurielles. Le jeune public avec «Poil de Carotte», roman autobiographique de Jules Renard publié en 1894, qui raconte l’enfance amère d’un gamin roux mal-aimé. Le drame avec «Oncle Vania», pièce parue en 1897, dont les cinq protagonistes confrontent leurs visions bigarrées du bonheur. Le théâtre de l’absurde, enfin, avec «La cantatrice chauve», première pièce d’Ionesco (1950), dont les personnages tiennent des propos incohérents et saugrenus dans le salon de M. et Mme Smith.
«Le public est très demandeur de classiques, observe la metteuse en scène vaudoise. On essaie donc de constituer un petit répertoire sous le camion-chapiteau, en naviguant entre des styles et des auteurs très différents.»
«Oncle Vania» de Tchekhov (Isabelle Bonillo, Véronique Montel, Anne-Frédérique Rochat et Michel Demierre). ©Philippe Pache
Après Lausanne (du 14 au 27 mai), le camion-chapiteau de la Cie T-âtre mettra le cap vers le sud et s’implantera au pied d’une autre église, l’Espace Saint-Martial, au Festival off d’Avignon, du 7 au 31 juillet. En plus des «Petits classiques», Isabelle Bonillo reprendra «L’ouvrir», pièce-témoignage créée l’an dernier avec la complicité du musicien-performeur Pierre Gilardoni. Avec punch, la comédienne raconte ses déboires personnels et ses emmerdes professionnelles.
Lausanne,
place Saint-Maur Du 14 au
27 mai (19 h), relâche les lundis
Rens. 079 205 39 51www.t-atre-ibonillo.blogspot.com
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