De blog à blog n°2
Blog MARIE-ANNE LORGE
Marie-Anne
Lorgé, 17 juillet 2025
Carnet de campagne
Au soleil du Midi…
Dans le décor, tout est à sa place: l’azur, l’air chaud, les cigales, les platanes, les affiches, les marchands de glaces, la cohue, les pieds surchauffés…
A Arles, festival de photographie de renommée internationale, c’est comme ça chaque été depuis 1970.
Et chaque été, à Avignon, berceau de la plus importante manifestation de spectacle vivant du monde créée en 1947 par Jean Vilar, et dont l’actuelle 79e édition est pilotée par Tiago Rodrigues, même ébullition… autour du Palais des papes, de la place de l’Horloge, des gymnases, cloîtres, chapelles, jardins, carrières, églises et autres garages convertis en scènes, désormais pléthoriques – 1.700 spectacles dans le Off, 42 dans le In – avec son incurable lot de polémiques, d’émotions, d’engagements aussi.
…
Et je termine avec Isabelle Bonillo, incorrigible adepte d’un théâtre nomade, infatigable retricoteuse de textes classiques afin d’en faire résonner l’actualité. La marque de fabrique d’Isabelle, c’est le participatif, une mise en espace circulaire du public, où chacun interagit avec l’histoire et les personnages. En l’occurrence, la cible, c’est Le Misanthrope, d’après Molière, servi en version accélérée mais complète, dans le respect de la langue, les vers.
A chaque personnage – Célimène, Alceste, le Misanthrope, amoureux de Célimène, Oronte, homme de pouvoir, amant de Célimène, Acaste, marquis, prétendant de Célimène, Eliante, cousine de Célimène, Arsinoé, amie envieuse de Célimène …. – correspond un chapeau, dont Isabelle coiffe tour à tour un spectateur, permutant les rôles au cours de cette création qui tient de la performance aussi drôle qu’explosive. Edifiante aussi, car Isabelle, qui se dépense sans compter, virevoltant d’une chaise à l’autre, nous interpelle, invitant chacun/chacune à jauger la conduite de son personnage, à lui proposer un comportement différent, donc, jouer afin d’ensemble transformer des manières d’être pour que plus personne ne devienne misanthrope.
Douce utopie, authentique petite folie généreuse, magistrale démonstration du pouvoir du théâtre, du moins de ce théâtre inventif et indocile qu’incarne «la» Bonillo.
Ça se passe à l’Espace St-Martial (rue Henri Fabre), on y court jusqu’au 26 juillet, chaque jour à 20.35h (relâche le 20 juillet).