samedi 19 juillet 2025

Festival OFF Avignon 2025 - page d'écriture

                  De blog à blog n°2


Blog MARIE-ANNE LORGE

Marie-Anne Lorgé, 17 juillet 2025

Carnet de campagne

Au soleil du Midi…

Dans le décor, tout est à sa place: l’azur, l’air chaud, les cigales, les platanes, les affiches, les marchands de glaces, la cohue, les pieds surchauffés…

A Arles, festival de photographie de renommée internationale, c’est comme ça chaque été depuis 1970.

Et chaque été, à Avignon, berceau de la plus importante manifestation de spectacle vivant du monde créée en 1947 par Jean Vilar, et dont l’actuelle 79e édition est pilotée par Tiago Rodrigues, même ébullition… autour du Palais des papes, de la place de l’Horloge, des gymnases, cloîtres, chapelles, jardins, carrières, églises et autres garages convertis en scènes, désormais pléthoriques – 1.700 spectacles dans le Off, 42 dans le In – avec son incurable lot de polémiques, d’émotions, d’engagements aussi.

Et je termine avec Isabelle Bonillo, incorrigible adepte d’un théâtre nomade, infatigable retricoteuse de textes classiques afin d’en faire résonner l’actualité. La marque de fabrique d’Isabelle, c’est le participatif, une mise en espace circulaire du public, où chacun interagit avec l’histoire et les personnages. En l’occurrence, la cible, c’est Le Misanthrope, d’après Molière, servi en version accélérée mais complète, dans le respect de la langue, les vers.

A chaque personnage – Célimène, Alceste, le Misanthrope, amoureux de Célimène, Oronte, homme de pouvoir, amant de Célimène, Acaste, marquis, prétendant de Célimène, Eliante, cousine de Célimène, Arsinoé, amie envieuse de Célimène …. – correspond un chapeau, dont Isabelle coiffe tour à tour un spectateur, permutant les rôles au cours de cette création qui tient de la performance aussi drôle qu’explosive. Edifiante aussi, car Isabelle, qui se dépense sans compter, virevoltant d’une chaise à l’autre, nous interpelle, invitant chacun/chacune à jauger la conduite de son personnage, à lui proposer un comportement différent, donc, jouer afin d’ensemble transformer des manières d’être pour que plus personne ne devienne misanthrope.

Douce utopie, authentique petite folie généreuse, magistrale démonstration du pouvoir du théâtre, du moins de ce théâtre inventif et indocile qu’incarne «la» Bonillo.

Ça se passe à l’Espace St-Martial (rue Henri Fabre), on y court jusqu’au 26 juillet, chaque jour à 20.35h (relâche le 20 juillet). 


 
 
                 La suite... suit! CO 🐾
 
 
 
 
 

 

 

 

vendredi 11 juillet 2025

Saison 2025 - article du Land

 Du TOL à St-Martial

Merci à Josée Zeimes, qui a écrit cet article dans le Lëtzbuerger Land, Luxembourg, sorti le 11 juillet 2025, sous le titre "S'isoler parmi les autres"! 

 

 


  





La saison théâtrale au Luxembourg touche à sa fin. Le TOL la clôture en accueillant Isabelle Bonillo dans un spectacle-hommage à Molière, qui s’inspire du Misanthrope, en donnant à la comédienne et metteure en scène l’occasion d’embarquer le public dans l’univers de la critique sociale du Misanthrope (du grec ancien : la haine du genre humain).

La conception du spectacle se base sur certaines scènes-clé du texte moliéresque suivies des commentaires de Bonillo sur la conduite des hommes, procédé qui débouche sur treize règles établies par l’auteure qui juge les comportements et donne des conseils pour éviter la misanthropie, mais aussi pour ne pas la refiler à autrui.

Ainsi pour échapper à la misanthropie, il faut savoir supporter ses semblables, supporter l’hypocrisie et la méchanceté humaines. La huitième règle est très importante pour Alceste, qui se veut intègre, et déteste l’esprit médisant, mais … il tombe amoureux de Célimène, une jeune veuve qui veut profiter de sa liberté, et qui adore dire du mal des autres. Bref, Alceste ne suit pas la règle selon laquelle « il ne faut pas tomber amoureux de celle qui fait ce que vous détestez le plus », et il en souffre. L’amour ne semble guère se tenir aux règles édictées, et voilà le malheur programmé.

Prenons aussi la règle 5 : « Pour ne pas devenir misanthrope, il faut ne pas être trop psychorigide en matière de sincérité. » Aucune vraie consolation n’est prévue pour Oronte, qui voit son poème d’amour sublime, adressée à Célimène, jeté aux ordures par celui, Alceste, qui se croit expert en la matière.

Le texte de Molière, repris et commenté par Bonillo, montre que les hommes, peu importe à quelle époque ils vivent, ne changent pas. Une petite consolation : Le regard porté sur eux, malgré la réticence des hommes à changer, à apprendre de leurs prédécesseurs, peut quand même les rendre sympathiques, malgré tout.

Le public, la plupart dans la salle et quelques-uns sur scène – la scénographie ainsi que l’éclairage étant de Gilbert Maire – fait partie du spectacle, en ce sens qu’il est sollicité par la comédienne, intégrée pleinement dans le jeu sans perdre de vue le public et ses réactions, de participer, en entrant quelque peu dans un personnage par une réplique ou le port d’un chapeau au nom d’un personnage de la pièce. Le côté scène n’est plus vraiment séparé du côté salle, le quatrième mur est aboli.

 

Isabelle Bonillo, en costume d’époque de Karine Dubois, passe du dedans (côté pièce /plateau) au dehors (côté salle) avec un savoir-faire impressionnant et une présence d’esprit aiguisée. Elle entraîne le spectateur à entrer dans l’histoire, ce qui fut un plaisir de voir lors de la première au TOL : Des jeunes surtout qui « participaient » au jeu en entrant dans la problématique de la pièce, au point de poser spontanément des questions après le spectacle.

Comment ne pas devenir Le Misanthrope est un spectacle qui intègre les spectateurs et fait revivre la pièce classique autrement, sous la baguette entraînante d’Isabelle Bonillo.

A voir au Festival Off d’Avignon du 5 au 26 juillet 2025

Josée Zeimes

© 2025 d’Lëtzebuerger Land

 

https://www.land.lu/page/article/962/342962/FRE/index.html 
 
 
                             On continue et on en reparle! CO 🐾