dimanche 2 juin 2024

Saison 2024 - article sur le blog MA Lorgé

 Parlons bien...

Super article de Marie-Anne Lorgé, dans son blog du même nom, qui parle d'Isabelle et de sa nouvelle création Pourquoi faire du théâtre en Camionnette? qui va se jouer, du 6 au 8 juin, au Luxembourg, au TOL. Merci pour ses lignes!

MARIE-ANNE LORGE

1er juin 2024

Naturellement

Du vert, on en a plein les yeux. Et plein les mains – à ceci près qu’au seuil de juin, mois des roses, c’est plutôt des limaces que je cueille dans mes salades. Et plein les oreilles aussi, rabattues par une campagne … électoralement pollinisée par le vivant, sa résilience et sa vulnérabilité.

 Du vert, j’en colle à mes semelles depuis que je tiens debout. À croire que le bonheur est dans le pré – et ce n’est pas faute de régulièrement me raconter à travers de belles échappées dans les chemins creux.

En tout cas, se raconter, c’est ce qui taquine mon encre verte du jour. Trempée dans deux parcours de vie. Deux parcours de comédiennes. Celui de Marja-Leena Junker et celui d’Isabelle Bonillo, tous deux transcrits en spectacle.

 Sur scène, Isabelle Bonillo, la nomade, arpente tout un pan de son aventure théâtrale depuis l'enfance, jusqu'à monter sa propre utopie en forme de Camion-Chapiteau, qui tourne depuis 18 ans. Au point de devenir un personnage, un complice, aussi convaincu qu’elle de la nécessité d’aller au-devant du public, là où il se trouve, en des lieux parfois improbables. Ce faisant, Isabelle inscrit son destin personnel dans le parcours familial, perfusé par les grands remous du monde. Le résultat, intitulé Pourquoi faire du théâtre en Camionnette – programmé au TOL (Théâtre Ouvert Luxembourg) du 6 au 8 juin – est tout à la fois touchant, passionnant et très ludique. Je vous explique en fin de post.

 En 2025, Canopée Produktion Asbl fêtera ses 10 années d’engagement pour l’expression artistique sous toutes ses formes, tout en renforçant les liens entre créateurs et communauté locale, mais notez déjà son grand «RDV au jardin» du 8 septembre, avec les noces renouvelées de la performance théâtrale et du langage potager.

Canopée, un parcours unique…

 Tout comme l’est celui d’Isabelle Bonillo, une enfant de la balle…

 

                                                                                                                              

                                                                                                                       © Fred Burnier

«La» Bonillo, c’est un personnage attachant et artistiquement atypique, une comédienne phénomène particulièrement imaginative, un lutin trublion tombé dans la marmite de cet art vivant qu’elle ne conçoit que participatif, donc impliquant une communion avec un public qui ne fréquente pas les lieux institutionnalisés/consacrés. Isabelle mouille sa chemise pour l’amour d’un théâtre populaire et décentralisé, donc, mobile, avec, pour la cause, une camionnette transformable en chapiteau, ce qui comble son envie de faire du théâtre librement, surtout autrement, tout en esquivant le problème de l’étranglement des salles.

Ceci dit, Isabelle se produit parfois en salle(s)…

Parfois engagée dans une production, comme dans le cas de Liliom ou la vie et mort d'un vaurien, pièce de l'écrivain hongrois Ferenc Molnár, spectacle tragicomique sur fond de fête foraine mis en scène par Myriam Muller qui, aujourd’hui, en tournée de Montpellier à Lille, glane la rançon du succès – et la bonne nouvelle, c’est que ce spectacle, créé en novembre 2021, revient à Luxembourg au Studio du Grand Théâtre du 19 au 21 juin.

Sinon, en transposant les ressorts de son originale création nomade sur les planches d’accueil de certains théâtres. La preuve avec sa version de Une Tempête d’après Shakespeare, servie en 1h12 (en 2018) par une Bonillo inspirée. Ou avec Les Misérables de Victor Hugo, en 2023, au TNL, revisitant au galop la monumentale fresque en veillant à cette interaction enjouée avec le public dont elle s’est fait une spécialité, interprétant seule tous les personnages, déchaînée au milieu de chaises symbolisant des barricades pour parler de précarité et de l’importance de renouer les liens sociaux notez que là où ils passent, Les Misérables font toujours un tabac.

La singularité de l'artiste Bonillo, accrochée à son accordéon, c’est une création faite d’objets récupérés, c’est une audacieuse mais efficace réécriture, audible par le public, sans rien brader de l’essentiel, c’est toujours faire rebondir un texte d’hier dans les fureurs de notre présent.

 Cette fois, dans sa nouvelle création, Pourquoi faire du théâtre en Camionnette – en Ford Transit en l’occurrence –, Isabelle ne rend pas hommage aux grands classiques de la littérature (dont on croit tout connaître), non, elle parle d’elle. Sauf que son récit relève non pas du déballage narcissique mais d’une utopie devenue possible – 18 ans durant –, surtout, c’est une histoire d’héritage: c’est que «défendre le concept de théâtre-chapiteau ne vient pas que de moi, mais du nomadisme de ma famille». Lié à la Grande Histoire.

Et le récit de parler de l’itinérance depuis l’antiquité grecque, celle-là qui, allant vers le public, permet la démocratisation de la culture, puis d’embarquer l’arrière-grand-mère rejoignant la Suisse avec ses 2 enfants en poussette, de croiser le grand-père prisonnier en 1939 au Stalag VII en Allemagne, de télescoper l’indépendance de l’Algérie, de mêler ses souvenirs d’enfant (née à Strasbourg) aux déplacements de ses parents comédiens, témoins/acteurs de la décentralisation théâtrale, de l’aventure du Théâtre Populaire, à Rennes, Amiens, Marseille. Le périple est foisonnant, qui croise anecdotes à rebours et expériences personnelles (dont celle d’Isabelle jouant, petite, dans les décors), avec humour et émotion(s) à tous les étages.

Sur scène, pas de camionnette, mais de l’image projetée décrivant faits, lieux ou rôles. En tout cas, le récit, choral, implique trois personnages (visuel ci-dessus, photo ©Fred Burnier): Isabelle, certes, et un garçon, Nicolas Ruegg, au statut poétique, sinon onirique, «apparaissant notamment au gré de costumes enfilés, donnant une voix, une âme au Camion endormi», et une fille, Catia Machado, au statut pragmatique, boostant mécaniquement car, «à un moment, le Camion, n’y croit plus, et c’est par le récit qu’il redémarre».

Le public est prévenu, il aura lui aussi un rôle à jouer, «car on lui demandera son avis…»

En clair, rendez-vous inconditionnellement, et sans modération, les 6, 7 et 8 juin, 20.00h, au TOL (Théâtre Ouvert Luxembourg),143 route de Thionville, réserv. tél.: 49.31.66, ou www.tol.lu 

Le spectacle vous attend également dans le Off du Festival d'Avignon lequel festival commence plus tôt cette année, dès le 29 juin, pour cause de Jeux Olympiques , ce, à l'Espace St-Martial, tous les jours à 18.55h, jusqu'au 21juillet (relâche dimanche 30 juin & 7,14,21/07). Réserv. tél.: 00.33.4.86.34.52.24.

 

MARIE-ANNE LORGE

Avec la soutien du ministère de la Culture


 

 

 

 

 

 

https://www.marie-anne-lorge.com/post/naturellement

 

Bonne lecture et encore merci à Marie-Anne! corinne 🐾









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