Les Mots de la Presse
Dans le Quotidien (Luxembourg):
Avignon satisfait les envies de théâtre
De: afp Dans Culture Mis à jour le 04/07/23 19:14 | Publié le 05/07/23 6:00

Le 77e festival d’Avignon ouvre ce mercredi et compte plus que jamais sur son public, profitant d’un regain d’intérêt pour le théâtre et inaugurant une nouvelle ère.
Signe de son ambition, la 77e édition du festival d’Avignon, la première sous la houlette du directeur Tiago Rodrigues, a ouvert la billetterie dès début avril et non à la mi-juin, pour permettre au public de mieux se préparer. Cet été, les festivaliers vont découvrir de nouveaux visages, des États-Unis à la Grande-Bretagne (l’anglais étant langue invitée, une nouveauté) mais aussi redécouvrir un lieu emblématique du festival, la Carrière de Boulbon, inaugurée par le Mahabharata de Peter Brook en 1985. À une quinzaine de kilomètres d’Avignon, elle était fermée depuis sept ans. Cette année, elle accueillera Le Jardin des délices, de Philippe Quesne, et devient, en termes de jauge, la deuxième scène du festival (1 200 places) après la Cour d’honneur du Palais des papes (1 947 places).
La Cour sera ouverte cette année par Julie Deliquet, qui devient la deuxième metteuse en scène dans l’histoire du festival après Ariane Mnouchkine à être ainsi distinguée. Elle présentera une adaptation de Welfare, documentaire de Frederick Wiseman sur un centre d’aide sociale. «C’est fou, ça paraît tellement archaïque», affirme la metteuse en scène. «Il faut que ça devienne une évidence et que ça ne soit absolument plus un sujet (…) Mon genre ne détermine pas l’artiste que je suis, mais il n’est pas très dominant. Donc, évidemment, c’est un symbole aujourd’hui, pour que ça ne le soit plus demain», ajoute-t-elle.
Fort appétit pour le théâtre
Autre défi de remplissage : une des pièces les plus attendues de cette édition, Les Émigrants, du Polonais Krystian Lupa, a été annulée il y a mois par la Comédie de Genève, où devait se tenir la première, en raison d’une confrontation entre le metteur en scène et l’équipe technique.
Déprogrammée également par Avignon, elle a été remplacée par une pièce du patron du festival lui-même, Dans la mesure de l’impossible, au vu «des contraints calendaires, financières et logistiques».
Fondé en 1947 par Jean Vilar, le plus célèbre festival de théâtre au monde (avec celui d’Édimbourg), transforme chaque juillet la Cité des papes en une ville-théâtre. Il se tient en même temps que le festival «Off», le plus grand marché de spectacle vivant en France, les deux générant plusieurs dizaines de millions d’euros en retombées économiques. Même si le comportement des festivaliers n’est pas comparable à celui du public des salles permanentes, une récente étude montre que l’appétit pour le théâtre reste fort, malgré une baisse de fréquentation : en France, 73 % des personnes interrogées ont déclaré être allées au théâtre «autant ou plus souvent qu’avant» (avec une moyenne de 5,4 spectacles vus).
Le Luxembourg à Avignon
Pour sa 77e édition, qui donnera son coup d’envoi ce soir, ce sont six productions et coproductions que le Luxembourg amènera au festival d’Avignon. Comme une réponse à l’inégalité des sexes entre metteurs en scène, la sélection officielle luxembourgeoise met en lumière les femmes. Avec, d’abord, Laure Roldàn, qui se met dans la peau d’Aïda Aznavourian, pour narrer, aux côtés de son frère, Charles Aznavour, l’odyssée d’une famille qui a traversé la pauvreté, la guerre, puis la poursuite du succès. La pièce Petit Frère – La grande histoire Aznavour sera jouée dans l’antre luxembourgeois du festival d’Avignon, la Caserne des pompiers, du 7 au 25 juillet (relâche les jeudis). Côté danse, aux Hivernales, c’est Elisabeth Schilling qui proposera Hear. Eyes. Move. Dances with Ligeti, interprétation chorégraphique des Études pour piano du compositeur hongrois, du 10 au 25 juillet (relâche le 15 juillet).
Dans le
«Off», c’est une femme, encore, qui, comme Laure Roldàn, s’empare de l’histoire
d’un grand homme : Isabelle Bonillo, seule sur scène avec un accordéon en
bandoulière, interprètera Les Misérables de Victor Hugo à sa façon, et en
incarnant tous les personnages cette fresque historique. La pièce sera jouée à
l’Espace Saint-Martial, du 7 au 29 juillet (relâche les dimanches). Au théâtre
du Chêne noir, enfin, Frank Hoffmann mettra en scène Les Crabes, de
l’inclassable Roland Dubillard (dont on célèbre cette année le centenaire de la
naissance), avec Denis Lavant. Jouée tous les jeudis, vendredis, samedis et
dimanches du 7 au 29 juillet, on espère que la pièce sera montée la saison
prochaine au TNL, qui la coproduit.Côté «In», les Théâtres de la Ville de
Luxembourg ne sont pas en reste : la coproduction Extinction, dans une mise en
scène radicale de cinq heures signée Julien Gosselin, plongera le spectateur
dans une apocalypse imminente. Et dans la commande The Confessions, le metteur
en scène britannique Alexander Zeldin retracera le destin de sa mère à travers
ses amours et les changements sociaux. Six pièces pour un aperçu succinct mais
éclatant de la vitalité du théâtre luxembourgeois.
Kultur /12 . Juli 2023 /Jeff Schinker /
Théâtre/Pouvoir et limites du théâtre:
le Luxembourg à Avignon
En une journée-marathon, on aura eu l’occasion de voir, à Avignon, deux des productions luxembourgeoises („Les misérables“ d’Isabelle Bonillo et „Petit frère“ de Gaëtan Vassart en collaboration avec Laure Roldàn) avant de finir avec „Extinction“, nouvelle mise en scène éblouissante d’un Julien Gosselin qui, sur les traces de Thomas Bernhard et Arthur Schnitzler, mettra à sac l’espèce humaine en six heures de théâtre magistrales.
Porter tout seul cette épopée hugolienne que sont „Les misérables“, la transformer en one-woman-show, il fallait l’oser – et Isabelle Bonillo l’a fait, pour sa production éponyme au TNL, qui est donc, après „Frontalier“ au Théâtre du Balcon l’année dernière, la production du Théâtre national du Luxembourg à être exportée à Avignon, à l’Espace Saint-Martial cette année-ci, où elle déambule, seule avec son accordéon, sur scène pour affronter le défi de redonner vie à tout ce panorama de l’injustice sociale et de la bonté humaine en l’espace d’une heure.
« Les misérables » d’Isabelle Bonillo (C) Bohumil Kostohryz
D’ailleurs, se pose très vite la question du comment – comment prendre en charge tous ces personnages, comment réduire à une petite heure toutes les péripéties de la somme hugolienne? Et ne risque-t-on pas, à vouloir tant réduire, tant synthétiser, à aller si vite en besogne, de perdre en essence ou de perdre le lecteur, déboussolé par l’accélération d’une histoire qu’il a, peut-être, lue au lycée? Pour ce qui est du comment, la réponse est simple: au-delà d’un amas de chaises qu’elle utilisera (ou fera utiliser) comme accessoires aussi diverses qu’une poupée ou une enfant, ce sera bien plutôt le public disposé en demi-cercle autour d’elle et éparpillé sur les gradins à qui elle fera endosser les rôles…
14.07.2023
Les trois coups pour trois spectacles de théâtre
Ainsi, Laure Roldán a adapté, avec Gaëtan Vassart et Armen Verdian, l'autobiographie d'Aïda Aznavourian-Garvarentz (*1923), Petit Frère – La grande histoire Aznavour, qui retrace la chronique de sa famille arménienne, le génocide, l'immigration en France, leur jeunesse d'enfants de la balle, la guerre, et les débuts au café-théâtre de celui qui allait devenir le grand Charles Aznavour. Le spectacle intimiste produit par la compagnie Juana La Loca, en collaboration avec la compagnie de la Ronde de Nuit et Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, a été sélectionné par un jury mis en place par Kultur|lx pour représenter le Luxembourg cette année à la Caserne des pompiers, dans le cadre du festival Off. Laure Roldán y interprète elle-même l'autrice, Charles Aznavour étant joué par Grégoire Tachnakian et la mise en scène assurée par Gaëtan Vassart. Chavirant constamment entre rire et larmes, Petit Frère – La grande histoire Aznavour accompagne tout un pan de l'histoire européenne avec beaucoup d'empathie et de tendresse.
Presque à la même heure, en début de soirée, à quelques encablures de La Caserne, au Théâtre du Chêne noir, Frank Hoffmann présente une création qui met à l'honneur l'auteur Roland Dubillard (1923-2011) pour le centenaire de sa naissance: Les crabes. Coproduit e.a. par le Théâtre du Chêne noir, la compagnie Tangente et le Théâtre national du Luxembourg, ce spectacle réunit une distribution prestigieuse. À côté du grand Denis Lavant, on y retrouve sa fille Nele Lavant dans son premier rôle, le jeune Samuel Mercer et Maria Machado, la veuve de Roland Dubillard. Les crabes est un voyage dans l'absurde de l'intimité familiale et nous parle d'aliénation et de peur de l'autre. L'équipe artistique habituelle du TNL a prêté main forte à ce spectacle – notamment René Nuss pour la musique, Christophe Rasche pour la scénographie, Daniel Sestak à la création lumière ou encore Florian Hirsch à la dramaturgie.
Le TNL présente en outre la femme orchestre Isabelle Bonillo, qui incarne tous les rôles des Misérables de Victor Hugo toute seule dans ce spectacle éponyme joué la saison passée au TNL. À Avignon, elle se produit à l'Espace Saint-Martial.
https://gouvernement.lu/fr/actualites/toutes_actualites/communiques/2023/07-juillet/14-arts-spectacle-festival-avignon.html
LE FESTIVAL D’AVIGNON AU TEMPLE SAINT MARTIAL
- 3 spectacles consacrés à des femmes d’exception: « Calamity Jane », « La trajectoire des gamètes » et « Gisèle Halimi ».
Calamity Jane. Tout le monde connaît son histoire par la bande dessinée, mais on oublie trop souvent que le personnage historique qui se cache derrière la caricature, a vécu un drame. Après avoir abandonné sa fille à la naissance, dans des conditions douloureuses, elle va passer l’essentiel de sa vie à essayer de la retrouver.
La trajectoire des gamètes. Cécile a deux mamans, un géniteur, un beau-père. Histoire bordélique, peut-être, mais joyeuse. Dans un récit truffé d’anecdotes aussi drôles que touchantes, cette enfant des années 80 nous raconte ses histoires de vie peu commune. Une ode à toutes les formes de parentalité.
Gisèle Halimi : 70 de combats passionnés au service de la justice et de la cause des femmes, parce que l’égalité entre hommes et femmes et loin d’être acquise. Eune petite heure, ce texte évoque le parcours de cette immense avocate, depuis sa Tunisie natale, jusqu’aux plus grands tribunaux français.
- Deux fables sociales : « Les Misérables » et « Z, le chemin de la liberté ».
On ne présente plus Les Misérables. Ce qui fait la particularité de ce spectacle, c’est que la comédienne interprète elle-même tous les rôles principaux et qu’elle fait intervenir le public pour les autres. On rit, on pleure, personne ne reste indifférent. Elle se fait porte-voix de Victor Hugo.
Z, le chemin de la liberté. La fin de la guerre d’indépendance aux Etats-Unis a vu émerger de nombreuses figures héroïques, luttant contre le colonialisme et défendant les populations locales. Zorro est l’un d’eux. Et dans ce spectacle, c’est avec une perspective mexicaine que le conte a été revisité.
- Et puis encore …
Moby Dick. S’il est un roman qui est dans son ensemble, une prodigieuse métaphore, c’est bien celui-ci. A commencer par le nom du personnage principal : Achab (comme le roi Achab biblique). Achab a été blessé par une baleine, il a perdu une jambe et il veut se venger « quoi qu’il en coûte ». C’est donc la question du bien et du mal qui sera évoquée, mais aussi celle de la vengeance … ou du pardon.
- Deux spectacles plus légers parmi ces questions graves :
Tuto Figaro : une sorte de « Figaro pour les nuls », présenté par 4 comédiens chanteurs qui devront condenser l’œuvre en 45 minutes et Jeremy Crausaz, humoriste suisse (eh oui ! il y en a) qui pratique à foison une autodérision ravageuse.
- Fin de soirée
Nous terminerons la soirée avec un spectacle plus âpre, qui nous invite à remettre en cause nos mœurs (médecine, religion, sexualité, drogue, société) en compagnie d’Antonin Artaud. Questions délicates, bien sûr, mais l’essence même du protestantisme, n’est-elle pas de remettre en question ?
Renseignements : Tél. 00.41.79.216.86.27
Mail : direction@bateaulune.ch
Attention : Sans restriction de nombre, l’entrée aux différents spectacles sera gratuite pour les membres de la paroisse réformée St-Martial entre le 7 au 13 juillet 2023. Pour le reste du festival, système habituel : 2 invitations à disposition par spectacle et par jour
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